Daïbutsu Kuri ☄ Mademoiselle Kir.

La page blanche est censée n'être que le cauchemar de l'écrivain. Kir n'écrit pas, ne pense même en avoir un quelconque talent, la littérature n'a jamais fait partie de sa vie et elle n'en a pas réellement été attiré non plus. Pourtant, la page blanche définie exactement ce qu'elle est. Ce que Kuri signifie ; l'oublie, une interface, une fuite. Sous le pseudonyme de Kir.
Kir, Trois lettres,
une personne,
une femme,
une vie.

C'est ce qu'on dira,
et c'est aussi ce qu'on pensera.

Mais au final, Kir n'est rien de tout ça.
Elle a cette impression de ne pas exister, elle n'est donc pas cette personne.
Elle semble femme, mais termine plus souvent comme objet.
Et sa vie...

Sa vie n'est notée nul part, aucun passage, aucune informations.
Pas de trace, pas de passé, pas de futur. Prisonnière dans une prison en verre, elle semble transparente, mais en réalité elle est juste vide de sens. Il n'y a pas de raison, ni de but sans base et tout ça lui semble interdit. Kir ne sait plus, n'a jamais su. D'où elle venait et qui elle était, alors à présent elle ne peut qu'être que ce qu'on attends d'elle. Un façonnage qui a duré des années, une orpheline recueillie pour la lueur de ses iris. Une enfant perdue ((abandonnée?)) qui voyait toujours l'éclat des étoiles.

Il n'y a pas de souvenirs, pas de photos, pas de vidéos, même pas un petit mot. Ni dans sa tête, ni dans ses poches et quand elle l'interroge, il est incapable de lui répondre. Personne n'a jamais été capable de lui répondre, alors les attentes ont commencé à geler, elle n'a jamais voulu ignorer ni mettre un terme à ses recherches, mais même en y croyant, l'échec a anéanti sa volonté, la plongeant dans la glace jusqu'au jour où elle serait capable d'affronter n'importe quel non ou tout les je n'en sais rien.

Kir pleure parfois, tard le soir,
elle se force, elle se force à se rappeler.
Et elle ne fait que se bloquer,
plus elle essaye, plus elle se perd.

Il n'y a personne de conciliant avec elle,
même quand on tente de l'aider,
ça semble sans espoir,
ça fait plus de mal,
que de bien.

Bien plus de mal, vous savez ?

Ça pourrit, ça fige, ça bloque.
L'enfant devient poupée, sous la cape du super héros.

Il n'y a qu'un seul repère dans sa vie, ce grand homme.
Héros devenu criminel, l'aidant, la formant, lui faisait croire tant de chose.
Il lui a appris, à offrir, trop peut-être. À assouvir.

Ne vous méprenez pas, il l'aime, l'adore, c'est sa perle et son enfant, sa petite princesse ; mais elle n'est pas que la sienne. Alors Kir est là depuis très jeune, on l’apercevait déjà à Tokyo, de toute manière que pouvait-elle faire d'autre ? Gamine oubliée, ratée, sans la moindre capacité. Elle n'est même pas sûre d'avoir un jour étudier, pourtant Kir sait lire et écrire, tenir une conversation, vous pourriez même être surpris par sa culture générale. Hors tout ça, elle est persuadée de l'avoir appris seule, sans aucune maîtresse ou école. Parce que personne ne se souvient d'elle.

Elle a suivit le troupeau, elle ne pouvait pas rester seule là-bas, qu'aurait-elle fait ? Elle ne possède pas cette force qui semble la soutenir. Elle n'aurait jamais été capable de survivre, seule dans une ville où on aurait oublié jusqu'à son pseudonyme sans cette boite malhonnête. Elle est arrivée à Osaka, avec les mêmes chaînes invisibles qui ont toujours maintenues sa vie.

Alors si vous lui demandez,
si vous essayez de l'interroger,
elle ne sera que Kir.

Kir l'alcool, les bulles, la mystérieuse.
On ne connaît d'elle que ce qu'on accepte de vous montrer.
Son corps,
jamais son cœur.